Klavdij Sluban
Né à Paris en 1963, Klavdij Sluban se passionne pour la photographie dès l’adolescence. Il est lauréat du European Publishers Award for Photography (prix EPAP, 2009), du prix Leica (2004) ainsi que du prix Niepce (2000). Elu “artiste de l’année” en Corée du Sud (2017).
Souvent empreints de références littéraires, ses cycles photographiques au long cours se situent en marge de l’actualité immédiate. Des Balkans à la mer Noire, de l’ex Union Soviétique à la Chine, de l’Amérique centrale aux îles Kerguelen, les voyages de Klavdij Sluban peuvent se lire comme une rencontre entre la réalité du moment et le sentiment intérieur du photographe dromomane.
Farouchement indépendant, Klavdij Sluban mène une œuvre personnelle rigoureuse et cohérente, ce qui en fait un des photographes-auteurs les plus intéressants de sa génération.
East to East
« Klavdij Sluban, une enfance passée à Livold, en Slovénie, appartenait, lui et son peuple, à la nation yougoslave qui finit en miettes au cours de la dernière décennie du siècle.
Le photographe se déplace à pied à travers les villes d’un Far Est abandonné, où sont passés les habitants ? Il en reste quelques-uns, emmitonnés dans le brouillard, quelques bêtes en fuite ou le dos au mur. À la recherche d’êtres humains, le photographe insiste au-delà de l’Europe, il pénètre en Asie, Russie, Mongolie, Chine, avec le transsibérien, mais il ne rencontre aucune densité humaine. Partout, la géographie prédomine et rend l’espèce humaine négligeable.
En Sibérie, le lac Baïkal est une pupille aveugle, vu du train qui passe. Ceux qui se font de l’Asie une idée écrasante et milliardaire en vies humaines, grouillement qui essaime déjà chez nous, reçoit la prophétie d’un monde dépeuplé, le résidu d’une sorte de démission en masse, un reste qui décourage d’y vivre.
Le photographe a la nostalgie de la neige maternelle de l’enfance qui le rebordait dans son coin de terre, mais ici la neige est devenue une lèpre blanche, elle ne recouvre pas le sol, elle le ronge. Son silence est oppressant.
Le photographe utilise souvent un temps de pause plus long sur le diaphragme fermé, pour que le silence imprègne la pellicule.
L’immobile a besoin de plus de temps pour affleurer. L’immobile est l’état de grâce du moment messianique, non pas l’exaltation d’un avent, mais une fin de course. »
Erri de Luca, East to East, 2009 (extrait)
Exposition
La série East to East sera présentée en grands formats dans la cour de l’Hôtel de Ville, place du Duché (1).
Temps fort
Venez rencontrer Klavdij Sluban lors de sa projection-conférence le samedi 19/8 à 21h où il nous présentera son parcours, ses valeurs et son travail.
Workshop
« L’Art de Voir », un stage de 2 jours et demi est également proposé dans le cadre du festival, du vendredi 18 au dimanche 20/8.