Guillaume Binet
Guillaume Binet a cofondé l’agence M.Y.O.P en 2005.
Photographe indépendant, il a développé un volet documentaire de son travail en travaillant pour la presse notamment lors des conflits du printemps arabe et moyen-orientaux « Rage against the regime », Newsweek 2011, « Syrie, Sous les bombes la vie », Les Inrockuptibles 2012, « Yémen, une guerre oubliée », Libération 2015, « Yémen 2018 Un paradiso in polvere » Espresso.
Il travaille régulièrement avec des organisations humanitaires telles que Médecins sans frontières (Yémen, Lybie, … ) ou Action contre la Faim. En 2019, il réalise le livre du 40e anniversaire d’Action contre la faim, Ce que je vois, photographier pour témoigner.
En 2010, Guillaume Binet crée la Galerie La Petite Poule Noire (Paris) dédiée à la photographie documentaire.
Il couvre la campagne présidentielle française de 2012 et concrétise son travail de photographe politique en réalisant dans le même temps le programme «Clichés de campagne» sur France Inter / web (Le regard et la réflexion des photographes associés aux analyses de la rédaction de France Inter et aux voix qui s’élèvent dans le flux).
En 2017 il initie le livre collectif « Politique Paillettes », manifeste de l’agence MYOP. Un autre volet plus onirique et intime de son travail l’a conduit à réaliser un road trip photographique et familial sur les routes nord américaines. A la recherche de l‘esprit des lieux raconté par 26 écrivains américains. « L’Amérique des écrivains – Road trip » a reçu le Grand Prix des Lectrices de ELLE 2015.
Le travail journalistique de Guillaume Binet a été récompensé par deux POYi (Pictures of the Year International) en 2012.
L’esprit des lieux
C’est un esprit des bois.
Un diable cornu, vieux et couvert de mousse, de filaments, de terre et de feuilles séchées qui crissent sous un vent léger. C’est une créature surgie dans le sous-bois, entre ses pattes grouillent des vers gras, sous sa croûte, sous son écorce vivent de grands capricornes et des pyrales aux ailes doucement striées de brun et de noir. Hirsute, bossu, hideux, jailli des profondeurs, désaxé, il est animé de l’âme mobile de la forêt.
Ce projet photographique tente de capturer le passage de cette entité migratrice qui traverse les mondes physique et métaphysique, le flux vivant d’âme et d’esprit, mobile, qui s’incarne, qui habite, qui donne vie dans le silence, dans le mystère, hors de toute présence humaine. Un souffle continu inlassablement jailli, une pulsation. Une présence.
Un pigeon solitaire s’installe près d’une rivière, le vent crante les feuilles des jeunes chênes, une genette tigrée file comme une flèche, un sanglier fouisse, le silence revient; le vide et le vent, et la lumière défile, éclatante, douce, sourde, dorée, poudreuse ; la nuit qui vient.
Toujours, au centre, menaçante peut-être, solitaire, mystérieuse, tabou ou totem de l’esprit des lieux, attend la souche de l’arbre mort.
Le noir et blanc s’impose pour capturer le reflet du monde en notre absence.