Edouard Elias
« J’ai choisi la photographie naturellement. C’est sûrement le résultat d’une double éducation : séparé entre l’Égypte et la France, j’ai appris à considérer les images à la fois comme des souvenirs, comme des objets qui me permettaient de me transposer dans des lieux où je ne pouvais rester qu’un instant, mais aussi comme des documents historiques, plus en accord avec mon instruction classique. De plus, beaucoup de bandes dessinées m’ont certainement formé au cadre droit, frontal et clair, j’ai donc très tôt été sensible aux évènements géopolitiques autant qu’aux problèmes du mouvement des populations lié à la guerre ou à la souffrance. A 18 ans, après le Bac, ne sachant quel parcours choisir et pour me conformer à des attentes familiales, je suis rentré en école de commerce. Ce n’était pas pour moi, aucune compatibilité possible. J’ai alors tenté une reconversion en école de photographie à Nancy. C’était une révélation, j’étais au bon endroit. Différentes rencontres, par exemple le reporter Luca Catalano Gonzaga à Rome, les livres de l’agence Magnum, certains documentaires sur la photographie de reportage m’ont donné l’envie de voir l’Histoire en cours, de la vivre grâce à mon appareil photo et surtout de ne pas l’oublier. Alors, au lieu de réaliser mon stage de fin d’année dans un commerce de photos d’identité, je suis parti en Turquie dans les camps de réfugiés Syriens, puis en Syrie, réalisant ainsi mon premier reportage. »